2022
English/Anglais
Willeen Keough, “Newfoundland Landsmen Sealing: Interrogating the Limits of Ecomasculinity in the Late 20th and Early 21st Centuries,” Acadiensis 50, 2 (Autumn 2021): 155-183.
Since the 1960s, debates concerning Newfoundland’s seal hunt have marginalized settler sealers’ experiences, expertise, and emotions. In this article, Willeen Keough offers a fresh perspective on the hunt and on the Newfoundlanders, who engaged in it. Using oral history interviews to inform her analysis, Keough explains landsmen’s thoughts and feelings about their work, economic contribution, environmental impact, and masculinity. Her work challenges “practitioners and theorists of ecomasculinity” to enter into “inclusive conversations with less-privileged rural harvesters.” In so doing, her work has substantial theoretical and political implications, and contributes to wider understandings of environmentalism, economy, and gender in Canadian history.
Depuis les années 1960, les débats concernant la chasse au phoque à Terre-Neuve ont marginalisé les expériences, l’expertise et les émotions des chasseurs de phoques non autochtones. Dans cet article, Willeen Keough offre une nouvelle perspective sur la chasse et sur les Terre-Neuviens qui y ont participé. S’appuyant sur des entretiens d’histoire orale pour soutenir son analyse, Keough explique les pensées et les sentiments des chasseurs de phoques à propos de leur travail, de leur contribution économique, de leur impact environnemental et de leur masculinité. Son travail met au défi les « praticiens et théoriciens de l’écomasculinité » d’entamer « des conversations inclusives avec les chasseurs ruraux moins privilégiés ». Ce faisant, son travail a des implications théoriques et politiques substantielles, et contribue à une compréhension plus large de l’environnementalisme, de l’économie et du genre dans l’histoire du Canada.
2021
English/Anglais:
David Thompson, “More Sugar, Less Salt: Edith Hancox and the Passionate Mobilization of the Dispossessed, 1919–1928” Labour/Le Travail 85 (2020): 127-163. https://doi.org/10.1353/llt.2020.0005
Little is known about the women who contributed to Winnipeg’s early twentieth-century labour movement. David Thompson’s “More Sugar, Less Salt” intervenes by providing a fascinating analysis of one of the city’s most prolific labour activists: Edith Hancox. Motivated by personal experience and political conviction, Hancox challenged the capitalist patriarchy in Winnipeg throughout the decade following the General Strike by organizing demonstrations, making public speeches, writing articles and letters, and performing essential but undervalued emotional labour. Drawing from her writing as well as from archival, government, and family records, Thompson explains how a radical motherhood approach shaped Hancox’s social justice work.
French/Français:
Louise Bienvenue, “Façonner l’âme d’une nation par l’histoire : La Vulgarisation Historique, selon Marie-Claire Daveluy (1880-1968) » Historical Studies in Education/Revue d’histoire De l’education 32, 2 (Fall 2020). https://doi.org/10.32316/hse-rhe.v32i2.4793
Dans cet article, Louise Bienvenue examine un aspect précis de la carrière de l’historienne et écrivaine Marie-Claire Daveluy (1880-1968), en s’attardant à son rôle d’« éducatrice populaire ». Passionnée d’archives, Daveluy a emprunté de nombreux canaux pour diffuser son savoir historique à des publics diversifiés composés d’enfants et d’adultes (contes, romans, émissions de radio, articles de revues, cérémonies commémoratives). Pour elle, l’histoire était porteuse de vertus civiques et de valeurs patriotiques et elle insistait, bien avant l’ « histoire des femmes » universitaire, pour replacer les femmes dans le récit historique. En analysant les contributions variées de Daveluy, s’appuyant sur des correspondances personnelles et des lettres d’admiratrices, notamment, Bienvenue rappelle l’importance de l’œuvre d’éducation populaire de Daveluy et son influence sur la formation de « l’âme d’une nation ».
2020
Article de langue française/French-language article prize
Tanguay, Marilou. « La page féminine du Devoir, un « espace public alternatif » ? Une étude de cas des mécanismes d’exclusion et de contrôle du « féminin » et du « féminisme » dans le quotidien (1965-1975) », Revue d’histoire de l’Amérique française, volume 72, numéro 3, hiver 2019, p. 29-59.
Chapitre particulier de l’histoire de la presse, les pages féminines des grands quotidiens ont souvent été associées à une sorte de ghetto journalistique où dominent les thèmes de la mode, de la cuisine et du soin aux enfants. Pour cette raison, on les a conçues comme une instance discursive favorisant la reproduction des rôles sociaux des hommes et des femmes. En étudiant la page féminine du journal Le Devoir du milieu des années 1960 au début des années 1970, Marilou Tanguay dévoile une réalité plus complexe. Elle observe comment, en ces années de réémergence du mouvement féministe, cette tribune a permis d’informer les lectrices sur différents enjeux comme l’avortement, la place des femmes en politique, l’inégalité d’accès aux études supérieures et la discrimination dans le marché de l’emploi. Ainsi, au sein de cet « espace discursif alternatif », des revendications centrales du mouvement des femmes ont pu être relayées. La disparition de la page féminine en 1971, au nom même de la désuétude d’une telle ségrégation, entraîne une diminution paradoxale de l’espace accordé aux questions féministes dans le journal. Le phénomène atteste, selon Tanguay, de la forte persistance d’une culture masculine et sexiste au sein de la sphère médiatique. De cette riche contribution, le jury a apprécié particulièrement la solidité de la démonstration, la vigueur de l’argumentation ainsi que l’attention accordée aux enjeux de l’intersectionnalité.
As a particular chapter in the history of the press, the women’s pages of the major dailies have often been associated with a kind of journalistic ghetto in which fashion, cooking and childcare themes dominate. For this reason, they have been conceived as a discursive forum for the reproduction of gender roles. By studying the women’s page of the newspaper Le Devoir from the mid-1960s to the early 1970s, Marilou Tanguay reveals a more complex reality. She observes how, in these years of the re-emergence of the feminist movement, this forum made it possible to inform women readers about various issues such as abortion, the place of women in politics, unequal access to higher education and discrimination in the job market. Thus, within this “alternative discursive space”, certain central demands of the women’s movement could be transmitted. The disappearance of the women’s page in 1971, in the very name of the obsolescence of such segregation, led to a paradoxical decrease in the space given to feminist issues in the newspaper. According to Tanguay, the phenomenon attests to the strong persistence of a masculine and sexist culture within the media sphere. Of this rich contribution, the jury particularly appreciated the solidity of the demonstration, the vigour of the argument and the attention paid to the issues of intersectionality.
Mention spéciale/Special Mention
Poitras, Daniel. « Mettre en scène l’exclusion de l’histoire. Les femmes à l’université et le concours Miss Quartier Latin (1950-1963) », Revue d’histoire de l’Amérique française, volume 72, numéro 3, hiver 2019, p. 41-71.
Le jury attribue une « mention spéciale » à Daniel Poitras pour cette étude d’histoire culturelle qui se distingue par son originalité et sa sophistication. En relisant les sources du mouvement étudiant produites par ses leaders masculins sous un nouvel angle, cet article met en vedette les participantes du concours annuel « Miss Quartier Latin ». L’auteur s’appuie sur cet événement carnavalesque inauguré à l’Université Montréal à partir de 1950, pour observer les tensions introduites au sein de la culture étudiante par l’intégration importante des femmes dans les rangs universitaires. De façon métonymique, le concours révèle tout un ordre symbolique en transformation. Les efforts répétés des organisateurs pour rétablir les rôles de hommes et des femmes au sein de ce haut lieu du savoir signalent assurément l’angoisse associée à une perte de privilèges. Si l’analyse s’attarde à la violence symbolique implicite dans ce rituel annuel, elle détecte aussi les efforts de résistance et de subversion de participantes cherchant à se dégager, à un degré plus ou moins important, des discours normatifs tenus à leur endroit. L’une des qualités de l’article est certes de mobiliser la grille d’analyse des régimes d’historicité au profit de l’histoire du genre ; l’emprunt permet d’éclairer avec plus d’acuité la façon dont les étudiantes — rhétoriquement assimilée à l’éternel féminin — ont été tenues à l’écart de l’histoire en marche.
The jury awarded a “special mention” to Daniel Poitras for this study of cultural history that stands out for its originality and sophistication. Re-reading against the grain the sources of the student movement produced by its male leaders, this article features the participants of the annual “Miss Latin Quarter” contest. The author uses this carnival event, inaugurated at Université Montréal in 1950, to observe the tensions introduced in student culture by the new influx of women into the university ranks. In a metonymic way, the competition reveals a whole symbolic order in transformation. The repeated efforts of the organizers to re-establish gender roles in this Mecca of knowledge undoubtedly signaled the anguish associated with a loss of privilege. While the analysis focuses on the symbolic violence implied by this annual ritual, it also detects the efforts of resistance and subversion by participants seeking to break free, to a greater or lesser extent, from the normative discourses held against them. One of the qualities of the article is certainly that it mobilizes the grid for the analysis of regimes of historicity for the benefit of gender history; the borrowing allows us to shed more light on the way in which female students – rhetorically assimilated to the eternal feminine – were kept away from making history.
Article de langue anglaise/English-Language Article Prize
Androsoff, Ashleigh. “The Trouble with Teamwork: Doukhobor Women’s Plow Pulling in Western Canada, 1899”. Canadian Historical Review 100(4), 540–563.
With her insightful analysis of the images of Doukhobor women performing heavy physical labour normally assigned to men or draft animals, Dr. Androsoff demonstrates how these images disrupted the traditional narratives of settler experiences in the colonial West at a time when first-wave feminists were arguing for improvements to women’s rights in Canada. Enriching our understandings of western history, she explores the motivations for the women to engage in this physically demanding “masculine” work, proving that they were resourceful and good agriculturalists. In so doing, Dr. Androsoff offers a unique contribution to the history of gender, culture and settler communities in western Canada.
Avec son analyse perspicace des images de femmes doukhobors effectuant de lourds travaux physiques normalement assignés aux hommes ou aux animaux de trait, la docteure Androsoff démontre comment ces images ont bouleversé les récits traditionnels des expériences des colons dans l’Ouest colonial à une époque où les féministes de la première vague plaidaient pour l’amélioration des droits des femmes au Canada. Enrichissant notre compréhension de l’histoire occidentale, elle explore les motivations des femmes à s’engager dans ce travail « masculin » physiquement exigeant, prouvant ainsi qu’elles étaient des agricultrices ingénieuses et compétentes. Ce faisant, Mme Androsoff apporte une contribution unique à l’histoire des sexes, de la culture et des communautés de colons dans l’Ouest canadien.
2019
Article de langue française/French-language article prize
Denyse Baillargeon, Josette Brun & Estelle Lebel, « J’vois pas pourquoi j’travaillerais pas » : le travail salarié des femmes mariées à l’émission télévisée Femme d’aujourd’hui (Société Radio-Canada, 1965-1982)
Denyse Baillargeon, Josette Brun et Estelle Lebel proposent avec leur article un voyage dans un univers médiatique qui a profondément marqué un Québec en plein bouillonnement post-révolution tranquille. L’interprétation de plus de 130 segments de l’émission Femme d’aujourd’hui diffusés sur Radio-Canada entre 1965 et 1982 permet une analyse riche et méthodique des représentations du travail des femmes alors en vogue et parfois critiquées, parfois renforcées, au travers des reportages, tables rondes et entrevues diffusés dans le cadre de cette émission populaire. Les historiennes démontrent, avec brio, comment les messages renvoyés au regard du travail domestique et du travail salarié sont à certaines occasions au diapason du contexte de l’époque, mais qu’ils révèlent aussi parfois de la dénonciation et de la revendication. Somme toute, le portrait tracé ici illustre, dans toute sa complexité, la tension entre un féminisme libéral et un féminisme plus radical.
Denyse Baillargeon, Josette Brun and Estelle Lebel propose with their article a journey into a media universe that has profoundly marked a Quebec in the midst of a post Quiet Revolution bubbling. The interpretation of more than 130 segments of the Femme d’aujourd’hui program broadcasted on Radio-Canada between 1965 and 1982 provides a rich and methodical analysis of the representations of women’s work then in vogue and sometimes criticized, sometimes reinforced, through the reports, roundtables and interviews aired as part of this popular program. These historians brilliantly demonstrate how the messages conveyed with regard to domestic work and wage labour are sometimes in tune with the context of the time, but they also sometimes reveal denunciation and demands. All in all, the portrait drawn here illustrates, in all its complexity, the tension between a liberal feminism and a more radical feminism.
Article de langue anglaise/English-Language Article Prize
Karen Flynn, « ‘Hotel Refuses Negro Nurse:’ Gloria Clarke Baylis and the Queen Elizabeth Hotel »
L’article de Karen Flynn est une histoire critique et éclairante mettant en lumière les expériences de Gloria Clarke Baylis, une infirmière noire qui a été victime de discrimination au travail. Le 4 septembre 1964, Baylis pose sa candidature à un poste d’infirmière annoncé par l’Hôtel Queen Elizabeth de Montréal, mais on lui dit que les postes d’infirmière à temps plein et à temps partiel ont été comblés après avoir rencontré le gestionnaire de l’hôtel. La poursuite qui a suivi était fondée sur des preuves démontrant que Baylis s’est vu refuser les postes en raison de sa race. À l’aide de méthodologies féministes et historiques, Flynn dresse habillement un récit qui intègre les expériences de travail des femmes noires dans une histoire plus large de jurisprudence en matière de droits de la personne, de vie professionnelle des immigrantes et de l’histoire des infirmières. La lutte de Gloria Clarke Baylis pour la dignité et le respect et contre la discrimination démontre les profondes racines racistes omniprésentes dans le milieu de la main-d’œuvre au milieu des années 1960. Le travail de Flynn offre un aperçu très nécessaire et provocateur de la façon dont la race, le sexe et le pouvoir ont fait ressortir le genre et le travail dans l’histoire du Canada.
Mention honorable/honourable mention
Donica Belisle avec Kiera Mitchell, « Mary Quayle Innis: Faculty Wives’ Contributions and the Making of Academic Celebrity »
L’étude remarquable de Donica Belisle et Kiera Mitchell sur Mary Quayle Innis offre une analyse détaillée et sophistiquée des contributions de Quayle à forger l’héritage de son mari, Harold Innis. Dans ce récit détaillé de la vie de Quayle, nous apprenons qu’elle a travaillé sans relâche tout au long de leur mariage pour faire avancer sa carrière en dactylographiant, révisant, écrivant, faisant des recherches, préparant des index, conservant ses papiers, révisant ses publications et livrant ses manuscrits à la presse. En plus de ses propres efforts littéraires et de son profil public au sein de diverses organisations nationales, elle a également géré les principales responsabilités domestiques ainsi que la garde des enfants. De façon plus générale, l’article tire profit des constatations dans le domaine de la division du travail selon le sexe, en particulier le travail domestique des épouses et une analyse féministe des associations d’épouses du corps professoral. Cette étude est un commentaire frappant sur le soutien de Mary Quayle Innis à son mari, qui a été essentiel à son succès. Comme l’affirment les auteurs, « Sans Quayle, l’étoile d’Innis aurait été moins brillante et se serait fanée plus rapidement. »
2018
Article de langue française/French-language article prize
Sophie Doucet, « Sur le chemin du paradis : les joies d’aimer, de croire et de s’accomplir de Marie-Louise Globensky (1849-1919) ». Revue d’histoire de l’Amérique française, Vol 70, no 3 (Hiver 2017), p. 5-29.
L’article de Sophie Doucet nous transporte dans la vie bourgeoise de la fin du XIXe siècle montréalais au travers d’une analyse de genre et de classe originale basée sur les journaux intimes de Marie-Louise Globensky. L’article contribue de manière importante à la récente historiographie des émotions en s’intéressant plus spécifiquement aux joies des petites et des grandes occasions. Cette émotion, trop souvent négligée dans ce type d’analyse, est ici exposée de façon saisissante.
Sophie Doucet transports us into nineteenth-century Montreal bourgeois life with this gender and class analysis of Marie-Louise Globensky’s diaries. She significantly contributes to the recent history of emotions by paying attention to the joy of little and big occasions. Often neglected in historical literature, joy as an emotion is impressively showcased in this study.
Article de langue anglaise/English-Language Article Prize
Meghan Longstaffe, « Indigenous Women as Newspaper Representations: Violence and Action in 1960s Vancouver », The Canadian Historical Review, 98, 2 (June 2017): 230-260.
Meghan Longstaffe demonstrates masterful skill in linking the trauma experienced by Indigenous women in Downtown Eastside Vancouver with the history of colonial violence through an analysis of major Vancouver-based newspaper articles from 1957 to 1970. She showcases how articles ostensibly written to reflect the hardships experienced by Indigenous women in the Downtown Eastside functioned to entrench sexist and racist language that shaped and maintained the deplorable conditions of their lives.
En analysant des articles des principaux journaux de Vancouver publiés entre 1957 et 1970, Meghan Longstaffe démontre de manière magistrale comment les expériences traumatisantes des femmes Autochtones vivant dans l’est du centre-ville de Vancouver sont liées à l’histoire des violences coloniales. L’auteure expose la manière dont les articles, qui étaient écrits pour refléter la dure expérience des femmes Autochtones, servaient à diffuser un langage sexiste et raciste qui modelait et maintenait leurs conditions de vie déplorables.
2017
Article de langue française/French-language article prize
Mélanie Morin-Pelletier, « ‘The Anxious Waiting Ones at Home’: Deux familles canadiennes plongées dans le tourment de la Grande Guerre, » Histoire sociale/Social History XLVII, 94 (Juin/June 2014) : 353-368.
Dans son article, Mélanie Morin-Pelletier nous plonge dans l’histoire des émotions en examinant la correspondance intime d’une mère avec son fils et d’une épouse avec son mari pendant la Première Guerre mondiale. Passant du quotidien montréalais à celui de la ferme albertaine, Morin-Pelletier nous livre le témoignage de deux femmes, une mère urbaine et une épouse rurale, à la fois rongées par l’inquiétude et déterminées à rassurer le fils ou le mari parti au front. L’analyse de ces deux collections rares de lettres, écrites en anglais, nous rappelle la richesse que représentent les sources épistolaires pour mieux saisir les sentiments qu’ont vécus les femmes, les hommes et les enfants par rapport aux événements passés. Cet article illustre que le travail fait par des femmes au homefront était en même temps pratique et émotionnel parce que l’impact de la guerre a changé la vie des familles et augmenté leurs responsabilités au quotidien. Enfin, cet article convaincant et émouvant est un très bon exemple de la recherche et de l’écriture bilingue.
In her article, Mélanie Morin-Pelletier plunges us into the history of emotions by examining the intimate correspondence of a mother to her son and a wife to her husband during the First World War. Moving from everyday Montreal to a farm in Alberta, Morin-Pelletier provides us with the testimony of two women, one an urban mother and the other a rural wife, both anxious and determined to reassure son or husband who had left for the war front. The analysis of these two rare collections of letters, written in English, reminds us of the richness epistolary sources can bring to a better understanding of the feelings of women, men and children in relation to the past. This article illustrates that the work done by women on the homefront was at the same time practical and emotional because the impact of the war had changed the lives of families and increased the responsibilities of women on a daily basis. Finally, this convincing and moving article is a very good example of bilingual research and writing.
Article de langue anglaise/English-Language Article Prize
Carmela Patrias, “More Menial than Housemaids? Racialized and Gendered Labour in the Fruit and Vegetable Industry of Canada’s Niagara Region, 1880-1945,” Labour/Le Travail 78 (Fall 2016): 69-104.
With the First and Second World Wars and the Depression as a general backdrop, this article focuses attention on women seasonal labourers in Southern Ontario’s fruit and vegetable industry. Using a wide range of primary and secondary sources, Carmela Patrias contrasts expertly the treatment and portrayal of two groups of women: the “farmerettes,” meaning Canadian women of British origin, and “import workers,” meaning Indigenous women, Japanese Canadian women, and Eastern and Southern European women immigrants, some from just south of the border in Buffalo. The former group, often consisting of students and teachers, was treated far better than the latter due to their respectable educational, race and class status, and their labour was considered inspirational to the war effort. The latter group experienced poorer wage, working and housing conditions than the former; immigrant women were distrusted because of their foreignness and political activism, while the sexuality of Indigenous women was considered suspect. This article, so pertinent to women’s, wartime, labour and Indigenous histories, also signals the importance of using food studies as a conduit to discussions about ethnicity, class, race and racialization in Canada.
Avec les Première et Deuxième guerres mondiales et la dépression comme toile de fond, cet article met l’accent sur les travailleuses saisonnières dans l’industrie des fruits et des légumes du Sud de l’Ontario. À l’aide d’un large éventail de sources primaires et secondaires, Carmela Patrias contraste adroitement l’expérience et la représentation de deux groupes de femmes: les «farmerettes», signifiant souvent les Canadiennes d’origine britannique, et les «import workers», c’est-à-dire les femmes autochtones, les Canadiennes Japonaises et les femmes immigrantes de l’Est et du Sud de l’Europe, quelques-unes provenant du sud de la frontière à Buffalo. Le premier groupe, composé d’étudiantes et d’enseignantes, a été traité beaucoup mieux grâce à leur statut respectable dû à leur éducation, leur race et leur classe, et leur travail a été considéré comme inspirant pour l’effort de guerre. Le deuxième groupe a connu des conditions de salaire, de travail et de logement plus pauvres que le premier. On se méfiait des femmes immigrantes en raison de leur statut d’étrangères et de leurs liens avec l’activisme politique, alors que la sexualité des femmes autochtones était perçue comme suspecte. Cet article, si critique pour l’histoire de femmes, du travail, du temps de guerre et des Autochtones, signale également l’importance des études sur l’alimentation pour discuter d’ethnicité, de classe, de race et de racialisation au Canada.
2016
Article de langue française/French-language article prize
Louise Bienvenue et Guy Laperrière, « ‘Sans elles, le collège ne serait pas ce qu’il est’ : Le travail des Petites Sœurs de la Sainte-Famille dans les collèges classiques au Québec ». Histoire sociale/Social History, vol. XLVII, no 93 (Mai/May 2014), p. 5-35.
Dans “‘Sans elles, le collège ne serait pas ce qu’il est’: Le travail des Petites Sœurs de la Sainte-Famille dans les collèges classiques au Québec,” Louise Bienvenue et Guy Laperrière offrent une analyse fine et approfondie du travail des Petites Sœurs de la Sainte-Famille (PSSF) dans des collèges classiques du Québec avant la Révolution tranquille. Plus précisément, Bienvenue et Laperrière nous font découvrir la signification spirituelle du travail des PSSF dans les collèges, ainsi que son apport économique, révélant l’histoire d’une congrégation peu connue dans l’historiographie québécoise de l’éducation et des communautés religieuses, et qui y a pourtant joué un rôle primordial. Les auteurs présentent un sujet très peu étudié et riche pour l’histoire des femmes dans un article très bien écrit et structuré. Ils utilisent efficacement et judicieusement des sources secondaires et primaires variées qui sont bien présentes dans l’analyse.
In “‘Sans elles, le collège ne serait pas ce qu’il est’: Le travail des Petites Sœurs de la Sainte-Famille dans les collèges classiques au Québec,” Louise Bienvenue et Guy Laperrière offer a careful and thorough analysis of the work of the Little Sisters of the Holy Family (PSSF) Petites Sœurs de la Sainte-Famille (PSSF) in the classical colleges of Quebec before the Quiet Revolution. More specifically, Bienvenue and Laperrière show us the spiritual significance of the work of PSSF in colleges and its economic contribution, revealing the story of a little-known congregation in Quebec historiography of education and religious communities but where it played an important role. In this very well structured and well written article, the authors address a rarely studied subject that is rich in women’s history, by effectively and judiciously using various secondary and primary sources that are in evidence in its analysis.
Article de langue anglaise/English-Language Article Prize
Carmen J. Nielson, “Caricaturing Colonial Space: Indigenized, Feminized Bodies and Anglo-Canadian Identity, 1873-94,” The Canadian Historical Review, vol. 96, no 4 (December 2015), p. 473-506.
Carmen J. Nielson’s “Caricaturing Colonial Space: Indigenized, Feminized Bodies and Anglo-Canadian Identity, 1873-94,” offers a superb illustration and provocative analysis of the visual trope of the indigenized and feminized body in Canada’s popular satirical magazine, Grip. In this fascinating account of nation, gender, and racial embodiment as featured in late nineteenth-century political cartoons and caricatures, Nielson provides her readers with insights on how to construct and deconstruct an intricate narrative using cultural theory and extensive primary sources. This study is a remarkable commentary on the social and political force of visual culture in creating gendered and racialized bodies as colonial projects that were synonymous with nation building, particularly in Western Canada and the Northwest Territories. In so doing, Neilson shows skillfully that the use of the indigenized and feminized body to represent Canada visually faded into whiteness once the nation’s status under British rule was secured.
L’article de Carmen J. Nielson, « Caricaturing Colonial Space: Indigenized, Feminized Bodies and Anglo-Canadian Identity, 1873-94, » nous offre une superbe illustration et une analyse provocatrice de la métaphore visuelle du corps féminisé et autochtonisé dans le populaire magazine satirique canadien, Grip. Dans un récit fascinant sur la personnification de la nation, du genre et de la race diffusée dans les bandes dessinés et les caricatures politiques à la fin du XIXe siècle, Nielson utilise la théorie culturelle et un vaste éventail de sources primaires pour offrir à ses lecteurs un aperçu sur la façon dont un récit complexe est construit et défait. Cette étude est un remarquable commentaire sur le pouvoir social et politique de la culture visuelle dans la création de corps genrés et racialisés à titre de projets coloniaux qui étaient indissociables avec la formation de la nation, en particulier l’Ouest canadien et les Territoires du Nord-Ouest. Ce faisant, Neilson illustre habilement comment l’utilisation de l’image du corps féminisé et indianisé symbolique du Canada est tombée dans l’oubli pour faire place à celle du corps de la race blanche une fois l’autorité britannique confirmée au Canada.
2015
Article de langue française/French-language article prize
Aline Charles, « Femmes âgées, pauvres et sans droit de vote, mais… citoyennes ? Lettres au premier ministre du Québec, 1935-1936 ». Recherches féministes, vol. 26, no 2, 2013, p. 51-70.
Dans son article « Femmes âgées, pauvres et sans droit de vote, mais… citoyennes ? Lettres au premier ministre du Québec, 1935-1936 », Aline Charles analyse un important corpus de lettres envoyées au premier ministre libéral Louis-Alexandre Taschereau par des femmes qui lui demandent des comptes au sujet des pensions de vieillesses promises en octobre 1935, mais toujours non versées en janvier 1936. En prenant la plume, ces femmes âgées, issues de milieux populaires, montrent qu’elles n’ont pas attendu d’obtenir le droit de vote provincial et n’ont pas eu besoin d’une association quelconque pour se définir en tant que citoyennes méritant la considération et le soutien de l’État. Elle montre avec brio que ces femmes, loin de correspondre aux stéréotypes de résignation et de passivité attribués à leur catégorie, étaient actives, visibles et capables de réclamer leur dû. Si ces femmes évoquent souvent leur misère dans leur supplique, nombreuses sont celles qui demandent une pension simplement parce qu’elles estiment y avoir droit, comme les autres Canadiens et Canadiennes. Aline Charles contribue non seulement à l’histoire des femmes au Québec et au Canada, mais s’inscrit aussi dans une nouvelle historiographie de la vieillesse, tout en ajoutant à notre compréhension de l’histoire du Québec dans les années 1930. Son travail se situe ainsi à l’intersection du genre, de l’âge et de la pauvreté et contribue significativement aux réflexions et débats actuels sur la nécessité et le devenir de mesures sociales essentielles, comme les pensions de vieillesse.
In her article, « Femmes âgées, pauvres et sans droit de vote, mais… citoyennes ? Lettres au premier ministre du Québec, 1935-1936, » Aline Charles analyzes an important collection of letters sent to Liberal premier Louis-Alexandre Taschereau by women asking him to account for old age pensions promised in October 1935, but still unpaid in January 1936. Taking up the pen, these older women from the working classes showed that neither the right to the provincial vote nor association connections were necessary for them to self-identify as citizens worthy of the consideration and support of the state. With great flair, Charles shows that these women, falling far short of the stereotypes of resignation and passivity sometimes attributed to their class, were active, visible and able to claim their due. If these women often evinced their misery in their writing, a great many among them asked for a pension simply because they felt they had the right to do so, like other Canadian men and women. Aline Charles contributes not only to the history of women in Quebec and Canada, but also to a new historiography of old age while adding to our understanding of Quebec history in the 1930s. Her work stands at the intersection of gender, age and poverty, contributing significantly to current reflections and debates on the need for, and the future of, important social measures, such as old age pensions.
Article de langue anglaise/English-Language Article Prize
Katrina Ackerman, “In Defence of Reason: Religion, Science, and the Prince Edward Island Anti-Abortion Movement, 1969-1988,” CBMH 31, 2 (2014): 117-138.
Katarina Ackerman analyzes a wide range of primary sources, backed solidly by secondary sources, to describe the actions of the Prince Edward Island Right to Life Association (RTLA). With her meticulous, thorough and nuanced analysis of written and oral material, Ackerman shows the close ties uniting politicians, doctors, hospital management and activists from the “pro-life” movement in the process of blocking access to abortion services on PEI. Her detailed and precise account shows the relationship between transnational developments and the local history of Canada’s smallest province and clearly demonstrates how the members of the RTLA infiltrated hospitals boards in the province to limit and prevent access to abortion services even after the legalization of abortion in 1969. Thus, this article provides the necessary facts to understand present-day issues in regard to access to abortion services. It is a fine example of the talent and skill of new researchers and their outstanding contributions to the history of women in Canada.
Pour son article « In Defense of Reason : Religion, Science, and the Prince Edward Island Anti-Abortion Movement, 1969-1988 », Katrina Ackerman étudie une grande variété de sources primaires pour décrire les actions de la Prince Edward Island Right to Life Association (RTLA), tout en s’appuyant solidement sur les sources secondaires existantes. Avec son analyse méticuleuse, profonde et nuancée des documents écrits et oraux, Ackerman dénote les liens étroits qui unissent politiciens, médecins, direction des hôpitaux et activistes du mouvement « pro-vie » dans un processus visant à bloquer l’accès à l’avortement à l’IPE. Son récit détaillé et précis dévoile les relations existant entre les développements transnationaux et l’histoire locale de la plus petite province canadienne et démontre clairement de quelle manière les membres de la RTLA ont noyauté les conseils d’administration des hôpitaux de la province pour restreindre et empêcher l’accès aux services d’avortement même après l’entrés en vigueur de la légalisation de l’avortement en 1969. Ainsi, cet article offre des faits essentiels à notre compréhension des enjeux actuels concernant l’accès aux services d’avortement. Il constitue une démonstration du talent et de l’habileté des nouvelles chercheures et représente un exemple remarquable de leurs contributions à l’histoire des femmes au Canada.
2014
Article de langue française/French-language article prize
Thierry Nootens, « “Des privations ne peuvent pas constituer une fortune” : les droits financiers des femmes mariées de la bourgeoisie québécoise face au marché?, 1900-1930 », Revue d’histoire de l’Amérique française, vol. 65, n° 1, 2011, p. 59-96.
L’histoire des femmes et du féminisme a montré qu’à partir de la fin du 19ième siècle, les femmes mariées du Québec se trouvaient désavantagées comparativement à celles du reste du Canada en raison de l’incapacité juridique imposée par le Code civil. Mais quelles étaient les conséquences de cette infériorité juridique pour les femmes mariées en séparation de biens, parfois considérées comme privilégiées ou protégées par leur contrat de mariage ? Dans son article “²Des privations ne peuvent pas constituer une fortune². Les droits financiers des femmes mariées de la bourgeoisie québécoise face au marché, 1900-1930”, Thierry Nootens analyse 71 cas retenus par la jurisprudence pour mieux comprendre l’expérience de ces femmes. Allant bien au-delà d’une étude des articles de la loi, ses recherches révèlent les difficultés et les contraintes pesant sur elles, de même que les ambigüités et les failles présentes dans les contrats de mariage. Il démontre que si certaines femmes parvenaient à faire valoir leurs droits en cas de conflit, d’autres se trouvaient victimes de transactions douteuses, de clauses impossibles à appliquer et de malversations de la part de leur époux. Il lève le voile sur la fragilité de la situation de ces femmes et expose la différence entre ce que le droit permet ou impose, les décisions prises par les époux, les contraintes imposées par certaines difficultés économiques et la difficulté de faire prévaloir les droits des épouses dans une économie de marché.
The history of women and feminism has shown that from the late 19th century onward, married women in Quebec were at a disadvantage in comparison to those in the rest of Canada because of legal restrictions imposed upon them by the Civil Code. What were the consequences of this judicial inferiority for married women apart from property ownership when they were sometimes privileged or protected by their marriage contract? In his article, “‘Des privations ne peuvent pas constituer une fortune.’ Les droits financiers des femmes mariées de la bourgeoisie québécoise face au marché, 1900-1930,” Thierry Nootens analyzes 71 legal cases to understand better the experiences of these women. Going far beyond a study of the law, his research reveals the difficulties and constraints weighing upon them, as well as the ambiguities and loopholes found in marriage contracts. He demonstrates that while some women managed to assert their rights in the event of conflict, others were victims of their husband’s unwise transactions, unenforceable clauses and misappropriation of funds. The article unveils the wives’ fragile situation and exposes the difference between that which the law permits or requires, the decisions made by husbands, the constraints imposed by economic hardship and the difficulty of upholding the rights of wives in a market economy.
Article de langue anglaise/English-Language Article Prize
Adele Perry, “James Douglas, Amelia Connolly, and the Writing of Gender and Women’s History” (In Catherine Carstairs and Nancy Janovicek, Feminist History in Canada. New Essays on Women, Gender, Work, and Nation. UBC Press, 2013)
Adele Perry’s article, “James Douglas, Amelia Connolly, and the Writing of Gender and Women’s History,” revisits familiar terrain. James Douglas, British Columbia’s first governor, is a stock character in Canadian survey histories. The familiarity of James Douglas’ identity as fur trader and governor is partly why Perry’s article is so compelling. Through a careful exploration of the gendered dimensions of the relationship between Douglas and his wife, Amelia Connolly, and of the Connolly-Douglas family’s public identity, Perry firmly establishes the importance of understanding Canadian colonial politics in gendered terms. At the same time, Perry provides a sophisticated analysis of the way transnational intimate heterosexual relationships are informed by, and in turn inform, colonial hierarchies of gender, race and class. She pushes historians to consider how the individual lives of women and men are bound up in larger systems of oppression. This article demonstrates the great value of considering historical subjects as embedded within multi-layered private and public contexts and of developing insights provided by a broad reading of secondary sources, particularly when archival records of individuals do not survive or are unavailable, thereby reinforcing their marginal status in the historical record.
Avec “James Douglas, Amelia Connolly, and the Writing of Gender and Women’s History”, Adèle Perry nous offre un article convaincant, ancré dans un sujet connu, soit l’histoire de James Douglas, marchand de fourrures et premier gouverneur de la Colombie-britanique, et de son épouse, Amelia Connolly. Si la familiarité de ce thème contribue à rendre son texte efficace, l’auteure innove en explorant minutieusement cette relation de couple et la formation son identité publique et en plaçant le genre au cœur de cette étude sur le colonialisme au Canada. Adele Perry montre que les relations hétérosexuelles intimes se construisent à l’intersection des hiérarchies de genre, de race et de classe, hiérarchies que ces mêmes relations intimes influencent à leur tour. Cet article encourage ainsi les historiens et les historiennes à réfléchir à l’emprise que ces grands systèmes d’oppression exercent sur tous les acteurs historiques, masculins et féminins. En outre, Adele Perry montre qu’une analyse sophistiquée de sources secondaires peut combler les lacunes laissées par la rareté des sources primaires concernant des sujets marginalisés. Elle offre également un exemple inspirant d’une réflexion qui place les acteurs historiques dans un contexte où le privé et le publique s’interpénètrent.
2013
Article de langue anglaise/English-Language Article Prize
Sheyfali Saujani, “Empathy and Authority in Oral Testimony: Feminist Debates, Multicultural Mandates, and Reassessing the Interviewer and her ‘Disagreeable’ Subjects,” Histoire sociale/Social History, vol. XLV, no. 90 (November 2012), 361-391.
Sheyfali Saujani’s article makes significant contributions to feminist historical theory and methodology, demonstrating that oral history interviews can contain conversational ruptures in which interviewees withhold empathy and assert authority. According to Saujani, some interviewees rejected being addressed as ethnic subjects, for in their views, “ethnic” labelling contained subtle insinuations of ignorance. Combining perceptive textual analysis with discussions of broader racial tensions during the 1970s, “Empathy and Authority” offers valuable new insights into oral history practice, as well as into feminist historiography more generally.
L’article de Sheyfali Saujani apporte d’importantes contributions à la théorie et à la méthodologie féministes, ce qui démontre que les entrevues pour l’histoire orale peuvent contenir des ruptures de conversation au cours desquelles les personnes interrogées refusent l’empathie et affirment leur autorité. Selon Saujani, certaines personnes interrogées ont refusé d’être considérées comme des sujets ethniques. Elles étaient d’avis que l’étiquetage « ethnique » comportait des imputations subtiles d’ignorance. En combinant une analyse textuelle perceptible et des discussions plus larges sur les tensions raciales des années 1970, « Empathy and Authority » offre de nouvelles perspectives intéressantes sur la pratique de l’histoire orale, ainsi que sur l’historiographie féministe en général.
Honourable Mention/Mention honorable
Andrea Eidinger, “Gefilte Fish and Roast Duck with Orange Slices: A Treasure for My Daughter and the Creation of a Jewish Cultural Orthodoxy in Postwar Montreal.” In Franca Iacovetta, Marlene Epp, and Valerie Korinek, eds., Edible Histories, Cultural Politics: Towards a Canadian Food History, 189-208.
Andrea Eidinger’s “Gelfite Fish and Roast Duck with Orange Slices” is an exemplary work in Canadian feminist historiography. Asking the question, “What is a Jew?”, and exploring the the seminal Canadian Jewish cookbook, A Treasure for My Daughter (1950), “Gelfite Fish” examines orthodox Jewish identity in postwar Canada. Created over a half century ago, A Treasure for My Daughter still holds a starring place in Jewish kitchens, and is often handed down from mother and daughter. Containing not only recipes for such Eastern European peasant and working class staples as gelfite fish but also such North American dishes as roast turkey with all the trimmings, A Treasure for My Daughter draw from a range of influences, even while it privileges Biblical history and modern Israeli culture. Especially noteworthy is the book’s assumption that Jewish mothers are responsible for safeguarding Jewish cultural identity. Filled with rich analysis, “Gelfite Fish and Roast Duck with Orange Slices” is a model for future research on gender, class, ethnicity, identity, and food.
“Gefilte Fish and Roast Duck with Orange Slices” d’Andrea Eidinger est un travail exemplaire dans l’historiographie féministe canadienne. En posant la question, “Qu’est-ce qu’un Juif?” tout en explorant le livre de cuisine juive canadienne, A Treasure for My Daughter (1950), “Gelfite Fish” examine l’identité juive orthodoxe dans l’après-guerre au Canada. Publié il ya un demi siècle, A Treasure for My Daughter tient toujours une place vedette dans les cuisines juives et est souvent transmis de mère et fille. Contenant non seulement des recettes paysannes et de la classe ouvrière de Europe de l’Est comme le poisson farci mais aussi des plats nord-américains comme la dinde rôtie avec tous les accompagnements, A Treasure for My Daughter puise dans un éventail d’influences, même s’il privilégie l’histoire biblique et la culture israélienne moderne. Fait à noter, le livre sous entend que les mères juives sont responsables de la sauvegarde de l’identité culturelle juive. Fruit d’une analyse riche, “Gelfite Fish” est un modèle pour les futures recherches sur le sexe, la classe sociale, l’ethnicité, l’identité et la nourriture.
2012
Article de langue française/French-language article prize
Benoît Grenier, “Réflexion sur le pouvoir féminin au Canada sous le Régime français: Le cas de la “seigneuresse” Marie-Catherine Peuvret (1667-1739)”. Histoire Sociale/Social History, 42, no 84 (2009) 299-326.
L’article de Benoît Grenier constitue un apport stimulant dans les débats concernant le pouvoir féminin dans les sociétés coloniales. Il retrace subtilement la manière dont la société patriarcale encadre l’autonomie des femmes en étudiant un groupe de veuves seigneuresses et en s’attardant au cas spécifique et exceptionnel de Marie-Catherine Peuvret. L’auteur démontre qu’en Nouvelle-France, le pouvoir féminin dépend surtout de circonstances particulières, comme l’âge de la veuve et la situation des héritiers masculins. En outre, il suggère que les femmes qui conservent longtemps le contrôle de leur seigneurie se distinguent par leur force de caractère et semblent prêter le flanc à la contestation par leurs censitaires et leurs voisins mâles. Avec cet article, Benoît Grenier relance et enrichit le débat historiographique sur les femmes favorisées en Nouvelle-France. Il incite également historiens et historiennes à considérer simultanément les contraintes sociales, les possibilités d’autonomie individuelle et les réactions possibles face à une figure d’autorité inhabituelle dans leur compréhension du pouvoir, de son exercice et de sa symbolique.
Benoît Grenier’s article is a stimulating contribution to the debates on female power in colonial societies. It subtly traces how patriarchal society oversaw women’s autonomy by studying a group of widows and “seigneuresses” and by focusing on the specific and exceptional case of Marie-Catherine Peuvret. The author shows that in New France, feminine power depends mostly on special circumstances, such as the age of the widow and the situation of male heirs. In addition, he suggests that women who retain control of their seigneurial land are distinguished by their strength of character and seemed to be exposed to challenge by their tenants and neighbors males. With this article, Benoît Grenier stimulates and enhances the historical debate on privileged women in New France. He also encourages historians to simultaneously consider the social constraints, opportunities for individual autonomy and possible reactions towards an unfamiliar authority figure in their understanding of power, its exercise and its symbolism.
Article de langue anglaise/English-Language Article Prize
Donica Belisle, “Crazy for Bargains: Inventing the Irrational Female Shopper in Modernizing English Canada”, CHR 92, 4, (December 2011), 581-606.
Donica Belisle’s article is an innovative, engaging, well researched and multi-dimensional study that looks closely at the stereotype of the irrational female shopper in Canada from the 1890s to the 1930s, as constructed by a range of male critics. Belisle clearly and convincingly traces the range of social, economic and gendered anxieties that fuelled male concerns, arguing convincingly that the construction of the irrational female shopper also helped to define rational modern masculinity. This paper also includes a thoughtful discussion of a range of women’s responses to these damaging stereotypes. Belisle’s evidence is impressively diverse, ranging across Canada and between both secular and religious sources. Her paper makes a major contribution to Canadian women’s history and the history of consumption in Canada.
Donica Belisle a rédigé un article novateur, stimulant, bien documenté et multidimensionnel qui examine attentivement le stéréotype de la femme acheteuse compulsiveau Canada entre 1890 et 1930, tel qu’il a été édifié par une série de critiques masculins. Belisle retrace de façon convaincante la gamme des angoisses sociales, économiques et des rapports homme-femme qui ont alimenté les préoccupations des hommes, en faisant valoir de façon convaincante que la construction de l’acheteuse compulsivedes femmes a également contribué à définir la masculinité rationnelle moderne. Belisle utilise des sources diverses de partout au Canada, autant laïques que religieuses. Il s’agit d’une contribution majeure à l’histoire des femmes canadiennes et à l’histoire de la consommation au Canada.
2011
Article de langue française/French-language article prize
Maude-Emmanuelle Lambert pour son article « Québécoises et Ontariennes en voiture! L’expérience culturelle et spatiale de l’automobile au féminin (1910-1945) ». La Revue d’histoire de l’Amérique française, vol 63 nos. 2-3, automne 2009-hiver 2010.
L’analyse de Maude-Emmanuelle Lambert sur les perceptions et les réalités des femmes automobilistes en Ontario et au Québec au milieu du vingtième siècle oblige les historiens à percevoir la relation entre le sexe, la technologie et la consommation différemment. L’auteur a identifié plus de similitudes que de différences entre les conductrices des deux provinces malgré les divisions culturelles et linguistiques. Elle fournit également des preuves convaincantes que de nombreuses femmes, en provenance de différentes classes sociales, ont apprécié les possibilités d’indépendance et de la vitesse offertes par la nouvelle technologie dès les premières années de l’automobile.
Maude-Emmanuelle Lambert’s analysis of both perceptions and realities about female automobile drivers in Ontario and Quebec in the early to mid-twentieth century compels historians to think differently about the relationship between gender, technology, and consumption. The author identified more similarities than differences across the linguistic and cultural divide. She also provides convincing evidence that from the early years of the automobile many women, from various classes, enjoyed the opportunities for independence and speed provided by the new technology.
Article de langue anglaise/English-Language Article Prize
Heidi MacDonald. “Who Counts? Nuns, Work and the Census of Canada”. Histoire Sociale/Social History vol. 43, no. 86 (November 2010), 369-391.
Heidi MacDonald has produced an impressive and insightful piece of work on the various ways in which women religious (nuns) have been excluded or significantly undercounted in the Canadian census. Drawing on historiography on the under-representation and misrepresentation of women and those holding multiple occupations in the census, but also going beyond this work MacDonald presents a careful, convincing and original piece of work on how and why female religious have been seen (and not seen) by census takers, and the implications this has had for the accurate counting both of nuns and of professional women more generally.
Heidi MacDonald a produit un texte impressionnant et perspicace sur les différentes manières dont les femmes religieuses (les sœurs) ont été exclues ou sous-estimées de façon significative dans le recensement canadien. En s’appuyant sur l’historiographie sur la sous-représentation et la fausse représentation des femmes et celles qui cumulaient de multiples professions dans le recensement, tout en allant au-delà de ce travail, l’article de MacDonald explique de façon convaincante et originale comment les religieuses ont été vues (et non pas vues) par les recenseurs, et les implications que cela a eu sur la précision du recensement à la fois des religieuses et plus généralement des femmes professionnelles.
2010
Article de langue française/French-language article prize
Elise Detellier. “Bonifier le capital humain”: Le Genre dans le descours médical et religieux sur le sports au Québec, 1920-1950,” RHAF 62, 3-4 (Hiver-Printemps 2009): 473-499.
Dans la grande tradition de l’histoire des genres, l’article d’Élise Detellier couvre un éventail de thèmes allant de la problématique hommes-femmes à la langue, en passant par la sexualité et les concepts de la nation. Elle y explique comment le lien entre la santé morale et physique des hommes et des femmes a pu être conçu l’un en fonction de l’autre, mais pourtant donner lieu à des occasions différentes d’accès à des activités sportives. Il faut féliciter Detellier d’avoir su puiser dans une grande variété de sources historiographiques, y compris la littérature internationale sur les sports ainsi que les travaux publiés aussi bien au Canada français qu’anglais.
In the best traditions of gender history, Elise Detellier’s article draws together a range of themes including gender, language, sexuality and ideas of nation. Her article explains how the connection between moral and physical health for men and women were constructed in relation to each other and yet produced different opportunities for their participation in sport. One of the critical insights this piece offers is an explanation for why women’s sports remained underdeveloped by the post-war period in Quebec. The author is to be commended for drawing on an expansive historiographical tradition, including the international literature on sports as well as French and English scholarship in Canada.
Article de langue anglaise/English-Language Article Prize
Shirley Tillotson. “The Family as Tax Dodge: Partnership, Individuality, and Gender in the Personal Income Tax Act, 1942 to 1970,” Canadian Historical Review 90, 3 (2009), 391-425.
Shirley Tillotson has produced an original and intelligent, as well as sophisticated and eloquently written, study of how gender has historically shaped Canadian tax policy. The article is a major contribution to our understanding of the welfare state, the family economy, feminist theory and political history. She forces us to reconsider women’s engagement with the state, not only within public forums, but from within the family as well. In this way Tillotson demonstrates the centrality of gender to political studies.
Shirley Tillotson a réalisé une étude tout à la fois originale et intelligente, complexe et éloquente sur l’influence que les disparités entre hommes et femmes ont toujours eue au niveau de la politique fiscale canadienne. Son article représente une importante contribution à la connaissance sur l’État-providence, l’économie familiale, la théorie féministe et l’histoire politique. Elle force le lecteur à revoir l’interaction des femmes avec l’État, non seulement dans la sphère publique, mais aussi dans le cadre familial. Du coup, Tillotson prouve la centralité de la question des sexes dans le domaine des études politiques.
2009
Article de langue française/French-language article prize
Yolande Cohen, “‘De la nutrition des pauvres malades’ “L’histoire du Montréal Diet Dispensary de 1910 à 1940,” Histoire sociale/Social History 41:81 (Mai-May 2008).
L’article de Yolande Cohen sur le Montreal Diet Dispensary est une contribution importante à l’histoire canadienne et internationale en ce qui a trait aux politiques maternalistes et à la formation de l’État-providence au XXe siècle. L’auteure y présente une étude complexe sur le dispensaire et une analyse pénétrante de l’éventail de femmes concernées – philanthropes, bénévoles, professionnelles (travailleuses sociales et nutritionnistes y compris), activistes et bénéficiaires. Cette étude de cas solide au point de vue théorique et empirique porte sur une institution qui a précédé « l’État-providence moderne » et renseigne sur le travail de première ligne et l’élaboration de politiques dans ce secteur. S’appuyant sur l’historiographie féministe canadienne-anglaise autant que québécoise sur la professionnalisation et le rapport hommes-femmes au sein de l’État-providence, elle replace le discours national classique du passage « de la colonie à la nation » dans un cadre féministe et de santé publique. Cohen a aussi apporté une contribution importante à l’étude de la politique sociale et des mouvements sociaux, ainsi qu’à l’histoire des femmes et des classes à Montréal et au Canada au début du XXe siècle.
Yolande Cohen’s article on the Montreal Diet Dispensary is a valuable contribution to the Canadian and international scholarship on twentieth-century maternalist politics and welfare state formation. She presents a sophisticated study of the Dispensary and provides a probing examination of the diversity of women – philanthropists, volunteers, professionals (including social workers and nutritionists), activists, and recipients – involved. This theoretically informed and empirically grounded case study of an institution that preceded the “modern welfare state” sheds light on front-line work and policy making; integrates English-Canadian as well as Quebec feminist scholarship on professionalization and gendered welfare states; and recasts the conventional Canadian national narrative of “colony-to-nation” within a feminist and public health framework. Cohen has also made an important contribution to the study of social policy and social movements and to the history of women and class in early twentieth-century Montreal and Canada.
Article de langue anglaise/English-Language Article Prize:
Sarah Glassford, “The Greatest Mother in the World: Carework and the Discourse of Mothering in the Canadian Red Cross Society during the First World War,” Journal of the Association for Research on Mothering 10:1 (2008).
This article offers a nuanced and multi-layered study of how a discourse of mothering came to dominate understandings of women’s carework in the Canadian Red Cross Society during the First World War. Sarah Glassford explores women’s emotional and actual labours in servicing overseas soldiers as well as the possibilities and limitations for their own empowerment and political aspirations. As a national study informed by both the multidisciplinary literature on mothering and the historical scholarship on early twentieth-century maternal feminism, the article treats motherhood as a social and fluid category. It also highlights the roles of prominent women without ignoring the less glamourized work of volunteer “sock-knitters” in local communities across the country. Glassford has made an important contribution to the study of women’s history, medical history, and citizenship and to studies of the home front during the First World War.
Cet article présente une étude nuancée et complexe sur la façon dont la notion de maternage en est venue à dominer l’appréciation du travail des femmes au sein de la Société canadienne de la Croix-Rouge au cours de la Première Guerre mondiale. Sarah Glassford explore les soucis émotifs et le travail des femmes auprès des soldats postés à l’étranger ainsi que les possibilités et les restrictions auxquelles elles ont fait face au niveau de la prise en main de leur destinée et de leurs aspirations politiques. L’étude d’envergure nationale, basée sur des recherches multidisciplinaires sur le maternage et l’historiographie sur le féminisme maternel au début du XXe siècle, évoque la maternité comme une catégorie sociale et fluide. Elle souligne aussi le rôle de femmes éminentes sans toutefois négliger le travail moins glamour des « tricoteuses de chaussettes » bénévoles dans les collectivités locales partout au pays. Glassford apporte ainsi une importante contribution à l’histoire des femmes, de la médecine, de la citoyenneté et du front domestique pendant la Première Guerre mondiale.
2008
Article de langue anglaise/English-Language Article Prize
Cynthia Toman, “Front Lines and Frontiers: War as Legitimate Work for Nurses, 1939–1945.” Histoire Sociale / Social History 40, no. 79 (2007): 45–74.
In this excellent article, Toman offers important new insights into women’s roles on the front lines, and nurses’ experience on the Homefront at war’s end. The author develops a fascinating argument concerning gender role reversal in the context of medical knowledge, technology and war, an argument that is firmly supported by an impressive array of sources, including 55 oral interviews and 1145 personnel records. The author makes an invaluable contribution to women’s and gender history, together with military history and labour history, while remaining carefully attentive to the international historiography. “Front Lines and Frontiers” is an engaging and vividly written piece.
Dans cet excellent article, Mme Toman offre des perspectives nouvelles et importantes sur le rôle des femmes œuvrant sur les premières lignes et l’expérience des infirmières au pays à la fin de la guerre. L’auteur élabore un argument fascinant quant au renversement des rôles dans le contexte des connaissances de la médecine, de la technologie et de la guerre, un argument qui est solidement appuyé par un étalage impressionnant de sources, notamment 55 entrevues orales et 1145 dossiers personnels. L’auteur apporte une contribution inestimable à l’histoire des femmes et des sexes, ainsi qu’à l’histoire militaire et à celle de la vie ouvrière, tout en demeurant très attentive à l’historiographie internationale. « Front Lines and Frontiers » est un article écrit de façon vivante et fort intéressante.
Mention honorable/Honourable Mention
Joan Sangster. ” Constructing the ‘Eskimo’ Wife: White Women’s Travel Writing, Colonialism, and the Canadian North, 1940-1960″.
Joan Sangster’s article is a wonderful exploration of women’s history in the North. Building upon an expanding scholarship, Sangster develops two critical themes: women as key players in colonising the North, and the discursive practices which sustained and deepened white hegemony. This powerfully written piece explores how women’s travel narratives reflected postwar forms of racial oppression and colonising practices, set within a cultural landscape that essentialised and generalised indigenous cultures. The author makes original use of textual sources, while providing a stimulating theoretical framework and introduction to the literature.
L’article de Joan Sangster est une merveilleuse exploration de l’histoire des femmes du Nord. En s’inspirant d’une vaste recherche, Mme Sangster élabore deux thèmes importants : les femmes comme joueurs clés dans la colonisation du Nord, ainsi que les pratiques discursives qui ont appuyé et approfondi l’hégémonie des Blancs. Cet article puissant explore comment les récits de voyage des femmes ont reflété les formes d’oppression raciale d’après guerre et les pratiques de colonisation; le tout situé dans un paysage culturel réduisant à l’essentiel et généralisant les cultures autochtones. L’auteur fait un usage original des sources textuelles, tout
2007
Article de langue anglaise/English-Language Article Prize
Rusty Bittermann, “Lady Landlords and the Final Defence of Landlordism on Prince Edward Island: The Case of charlotte Sulivan”. Histoire sociale/Social History 38 : 76 (November 2005).
Rusty Bittermann has produced a fascinating case study of Charlotte Sulivan, a member of the London elite who challenged the colonial legislature of PEI, taking her case all the way to the newly established Supreme Court in an effort to retain control of her 66,000- acre PEI estate. This article is laden with rich and fascinating insight, drawing out the intersection of deeply gendered power networks taht defined business, familial and philanthropic networks linking colony and empire. Bittermann skillfully and meticulously mines available sources to shed new light on Sulivan’s proprietary motivations as she negotiated her way across the masculinist terrain of colonial economy and imperial justice. This original contribution illuminates our understanding of colonial economy, while disturbing received notions about the rootedness of separate spheres during this critical period in Canada history.
2006
Article de langue anglaise/English-Language Article Prize
Cecilia Morgan. “Performing for ‘Imperial Eyes’: Bernice Loft and Ethel Brant Monture, Ontario, 1930s-1960s”, in/dans Katie Pickles and/et Myra Rutherdale, Contact Zones: Aboriginal and Settler Women in Canada’s Colonial Past, Vancouver: UBC Press, 2006
Cecilia Morgan has produced an innovative and insightful study giving voice and agency to two twentieth century Native women performers of Iroquois identity. She makes sense of their experience and what it can reveal about the ways in which Native women were perceived and perceived themselves by situating them in the wider context of White-Native relations and by analyzing cultural practices inside their own communities. She provides a rigorous treatment of the limited sources at her disposal revealing how aware she is of the complexity of the historian’s task. Truly impressive is the way in which she applies the most recent feminist theoretical scholarship on imperialism and colonialism to read Loft and Monture’s initiatives and attitudes. Through these case studies she also demonstrates the extent to which “performance is not unidirectional” taking into account audience reactions. Indeed, her sophisticated and enlightening use of the literature surrounding performance further deepens our understanding of this conceptual tool and also reveals the promise it holds for other historians who chose to apply it in their own fields of expertise.
Cecilia Morgan présente ici une étude originale et pénétrante qui donne voix et vie à deux artistes iroquoises du XXe siècle. Elle cherche à comprendre leur expérience et à en tirer des observations sur la façon dont les femmes autochtones étaient perçues et se percevaient elles-mêmes; pour cela, elle les situe dans le contexte des relations entre Blancs et Autochtones, et analyse leurs pratiques culturelles au sein de leurs propres communautés. Cecilia Morgan traite rigoureusement les quelques sources documentaires dont elle a pu disposer, montrant ainsi qu’elle est très consciente de la complexité de la tâche de l’historien. Encore plus remarquable est la manière dont elle applique les plus récentes théories féministes en matière d’impérialisme et de colonialisme pour décoder les initiatives et les comportements de Loft et de Monture. Se fondant sur ces études de cas et en tenant compte de la réaction du public, elle démontre qu’une performance n’est pas toujours unidirectionnelle. Son recours précis et instructif aux documents liés au monde du spectacle approfondit notre compréhension de cet outil conceptuel et nous laisse entrevoir tout le potentiel qu’il réserve aux autres historiens qui choisiraient de s’en prévaloir dans d’autres domaines de recherche.
2005
Article de langue anglaise/English-Language Article Prize
Katherine McKenna, “Women’s Agency in Upper Canada: Prescott’s Board of Police Record, 1834-50,” Histoire sociale/Social History
Katherine McKenna’s perceptive use of a new documentary source, Police Records, has yielded novel and important insight into the lives of ‘lower class’ women in Upper Canada. This article offers us a compelling account of the differences between middle and lower class women, the public, transgressive behaviour of the latter group, and their determined efforts to use the law to secure redress and justice for themselves. Women of the common classes, she also shows, increasingly lost their ability to control community moral standards as the implementation of the law was concentrated in the hands of the town fathers. However patriarchal the letter of the law was, we cannot ignore the powerful force of lower class women’s actions and “agency” as they attempted to use the local legal apparatus to carve out lives of dignity and security for themselves.
Grâce à l’utilisation judicieuse d’une source documentaire originale, les dossiers judiciaires, Katherine McKenna apporte un éclairage nouveau sur la vie des femmes des classes populaires dans la société du Haut-Canada, et modifie le portrait que nous en avions. Son article nous offre un exposé convaincant des différences entre les femmes de la classe moyenne et celles des classes populaires. L’auteure démontre la conduite transgressive de ces dernières et leurs efforts déterminés en vue d’utiliser la loi pour faire en sorte que justice leur soit rendue. Elle montre également que les femmes des classes populaires perdent graduellement leur emprise sur les valeurs morales de la communauté au fur et à mesure que la mise en application de la loi se concentre aux mains des pères de la cité. Mais, en dépit de l’application patriarcale de la lettre de la loi, on ne peut ignorer que les femmes des classes populaires font preuve d’une étonnante capacité d’action et de représentation, dans leurs tentatives d’utilisation de l’appareil judiciaire local pour se forger une dignité et une sécurité.
Mention honorable/Honourable Mention
Pamela Sugiman. “Passing Time, Moving Memories: Interpreting Wartime Narratives of Japanese Canadian Women.” Histoire sociale/Social History.
Pamela Sugiman’s account of the war time narratives of Japanese Canadian women weaves together oral histories, censored and stolen letters now in the hands of the state, as well as her own thoughts on memory making into a poignant and significant discussion of women’s experiences during the period of wartime internment. Her discussion effectively probes the uses of oral history and also disrupts notions of Japanese women’s silent accommodation to internment. On the contrary, she shows that women offered criticisms and resistance to internment policies which they knew were racist and discriminatory at their core.
Dans son étude sur les récits des Canadiennes d’origine japonaise pendant la deuxième guerre mondiale, Pamela Sugiman combine l’histoire orale, l’analyse de lettres qui avaient été dérobées et censurées et que l’État a maintenant en sa possession, ainsi que ses propres réflexions autour de la notion de mémoire. Elle intègre le tout dans une analyse de l’expérience vécue par ces femmes durant leur internement. Cette analyse, qui est d’une vive intensité et d’une portée significative, prouve la valeur de l’histoire orale et bouleverse l’idée d’une adaptation tranquille des Canadiennes d’origine japonaise à leur internement. Au contraire, l’auteure montre que ces femmes ont opposé une résistance critique aux mesures d’internement et qu’elles savaient ces mesures profondément racistes et discriminatoires.
2004
Article de langue anglaise/English-Language Article Prize
Karen Duder. Public Acts and Private Languages: Bisexuality and the Multiple Discourses of Constance Grey Swartz in BC Studies, 136 (Winter 2002-3).
In a very strong competition, this article impressed committee members with its innovative theoretical discussion and use of one womans personal writings to make a major intervention in the history of sexuality. It explores the sexual and emotional relationships of Constance Grey Swartz between the 1920s and mid 1930s. Her sexuality, Duder argues, cannot be captured readily in the dominant approaches and questions posed within most writing in lesbian, gay and bisexual history. Duder draws on the rich writings she left to break down the polarities of hetero/homosexual and to offer readers tantalizing glimpses into the life of this middle-class British Columbian woman who, during her twenties and early thirties, relished relationships with male and female lovers.
Dans une lutte très serrée pour le prix Hilda Neatby, Karen Duder a réussi à se démarquer des autres candidats en proposant un article qui fera époque dans l’histoire de la sexualité par le débat théorique novateur qu’il soulève et par sa manière originale d’exploiter les écrits personnels d’une femme. Karen Duder s’intéresse aux rapports sexuels et affectifs de Constance Grey Swartz pendant les années 1920 et 1930. Elle avance qu’on ne peut pas définir aisément la sexualité de Constance Swartz en recourant au cadre d’analyse prépondérant dans la plupart des ouvrages en histoire des lesbiennes, des gais et des bisexuels. En scrutant les riches écrits de Constance Swartz, Karen Duder met au jour le mécanisme de la polarité hétérosexualité-homosexualité et, d’une façon très attrayante, lève le voile sur la vie des Britanno-Colombiennes de la classe moyenne, qui, dans les années 1920 et 1930, appréciaient entretenir des relations avec des amants et des amantes.
Mention honorable/Honourable Mention
Patricia Jasen, “Malignant Histories: Psychosomatic Medicine and the Female Cancer Patient in Postwar America,” Canadian Bulletin of Medical History, 20, 2 (November 2003).
Patricia Jasen’s “Malignant Histories: Psychosomatic Medicine and the Female Cancer Patient in Postwar America” is a mature, compelling mix of theory and meticulous empirical work that concentrates primarily on medical discourses to provide a new understanding of the way in which postwar scientific “experts, created gendered explanations of the causes of cancer.
L’article de Patricia Jasen, intitulé « Malignant Histories: Psychosomatic Medicine and the Female Cancer Patient in Postwar America », est un travail mûri dans lequel les considérations théoriques étayent une recherche empirique méticuleuse. L’article s’intéresse principalement au discours médical et montre comment les « experts » scientifiques de l’après-guerre ont sexualisé leurs explications des causes du cancer.
2003
Article de langue française/French-language article prize
Laurence Monnais-Rousselot, “La médicalisation de la mère et de son enfant : l’exemple du Vietnam sous domination française, 1860-1939”, Canadian Bulletin of Medical History 19(1)(2002): 47-94.
Dans cet article, Laurence Monnais-Rousselot retrace le processus de médicalisation maternelle et infantile par les autorités coloniales françaises en Indochine pour la période 1860 et 1939. Tout en se fondant sur une large variété de sources françaises et vietnamiennes, l’étude montre comment les autorités coloniales ont très tôt misé sur la santé de la mère et de l’enfant comme principal moyen de gestion des ressources humaines locales. Son analyse prend soin de remettre ce mouvement de médicalisation de la maternité en perspective, le situant en regard des travaux déjà réalisés pour l’Occident sur cette question, mais sans jamais perdre de vue les éléments distinctifs liés au contexte colonial. Elle porte ainsi une attention particulière au rôle joué par les sages-femmes indigènes et insiste sur la manière dont les autorités sanitaires métropolitaines ont dû tenir compte du contexte pathologique, mais aussi économique, culturel et même des traditions médicales de la région et de ses habitants. Qualifiée de «fer de lance» de la politique sanitaire française, la médicalisation de la maternité est traitée de manière nuancée qui souligne la complexité d’un processus aux objectifs à la fois impérialistes et humanitaires et dans lequel les femmes ont joué un rôle actif.
In this article, Laurence Monnais-Rousselot retraces the process of maternal and childhood medicalization by the colonial French authorities in Indochina during the period 1860 to 1939. The study is based on a wide variety of French and Vietnamese sources, and shows how the colonial authorities very early on used the health of the mother and child as the principal means of managing local human resources. Her analysis is careful to put this medicalization of childbirth movement in perspective, situating it with regard to work already done in the West on this issue, but without ever losing sight of the distinctive elements linked to the colonial context. She also draws particular attention to the role played by indigenous midwives and emphasizes the manner in which the urban health authorities had to take into account the pathological context, but also the economic and cultural contexts, as well as the region’s medical traditions and its inhabitants. Qualified as the “spearhead” of French health policy, the medicalization of childbirth is treated in a nuanced manner that highlights the complexity of a process having both imperialist and humanitarian goals and in which women played an active role.
Article de langue anglaise/English-Language Article Prize
Renisa Mawani, “Regulating the ‘Respectable’ Classes: Venereal Disease, Gender, and Public Health Initiatives in Canada, 1914-35”, in John McLaren, Robert Menzies and Dorothy E. Chunn (ed.), Regulating Lives: Historical Essays on the State, Society, the Individual and the Law (Vancouver: UBC Press, 2002): 170-95.
In this article, Mawani examines the anti-venereal campaign that was launched in Canada in the inter-war period. Taking her inspiration from Foucault’s social regulation theories, her analysis of flyers, brochures and other documents disseminated by governmental, medical and religious authorities over the course of this period, shows very convincingly that this public health campaign was aimed not only at marginalized groups or those considered more “at risk,” such as young single women or young working-class men, but also at the “respectable classes.” Resting on solid argumentation, Mawani’s article stresses that the ideas and the strategies deployed were aimed at regulating the sexual practices of all Canadians, men as well as women, a phenomenon that has generally been neglected by historians of the anti-venereal fight. While pointing out the persistence of the double sexual standard and the maintenance of a differentiated perception of venereal diseases and their control according to social class or membership group, Mawani clearly shows evidence of the highly moral character of the prevention campaigns and the manner in which they targeted the two sexes. This being the case, she puts the emphasis on doing away with gender boundaries and on the need to remain open to the alternative readings in our sources.
Dans cet article, Mawani examine la campagne antivénérienne qui a été lancée au Canada dans l’entre-deux-guerres. S’inspirant des théories de la régulation sociale de Foucault, son analyse des dépliants, brochures et autres documents diffusés par les autorités gouvernementales, médicales et religieuses au cours de cette période, démontre de manière tout à fait convaincante que cette campagne de santé publique visait non pas seulement les groupes marginaux ou considérés plus «à risques», comme les jeunes femmes seules ou les jeunes hommes de la classe ouvrière, mais aussi les «classes respectables». Reposant sur une argumentation solide, l’article de Mawani souligne que le discours et les stratégies déployées visaient en réalité à réguler les pratiques sexuelles de tous les Canadiens, autant hommes que femmes, un phénomène qui a généralement été négligé par les historiens de la lutte antivénérienne. Tout en signalant la persistance du double standard sexuel et le maintien d’une perception différenciée des maladies vénériennes et de leur contrôle suivant la classe sociale ou le groupe d’appartenance, Mawani met bien en évidence le caractère éminemment moral des campagnes de prévention et la manière dont elles ciblaient les deux sexes : ce faisant, elle insiste sur le brouillage des frontières de genre et sur la nécessité de demeurer ouverts à des lectures alternatives de nos sources.
2002
Article de langue française/French-language article prize
Micheline Dumont, “Un champ bien clos: l’histoire des femmes au Québec”, Atlantis (Fall 2000): 102-18.
Analyser et penser le monde en terme de «genres» est un exercice difficile, pour ne pas dire périlleux. C’est pourtant la tâche que se sont assignées les historiennes œuvrant en histoire des femmes et du genre. L’article de Micheline Dumont met en évidence que, après des décennies d’efforts en ce sens, bien peu d’historiens et d’historiennes dominent parfaitement ce défi. En dévoilant les lacunes de ce qu’elle appelle «la corporation historienne» à ce sujet, l’article de Dumont soulève d’importantes questions d’ordre méthodologique et historiographique. Comment juger de l’apport d’un nouveau champ de recherche ? Comment évaluer la pénétration de ce champ dans la production des historiens ? Depuis l’éclosion de cette dimension de la recherche, les historiennes féministes se parlent-elles en vase clos ou ont-elles réussi à entraîner tous leurs collègues dans une nouvelle approche ? Dumont nous propose de lire la production historique en utilisant une grille d’analyse assez fine à quatre niveaux : occultation de la réalité du genre et des femmes, présence compensatoire, intégration partielle, intégration conceptuelle. La lecture des publications choisies par Dumont à partir de cette grille met en évidence que les nouveaux acquis en histoire des femmes trouvent à peine écho dans la production historique québécoise ; l’intégration des innovations méthodologiques et théoriques est encore plus mince surtout dans la production historique francophone, la production anglophone faisant preuve d’une plus grande ouverture à cet égard. Le défi est donc de taille, autant pour « nous », chercheuses en histoire des femmes, que pour les « autres ». Accorder un prix à un article qui souligne le peu de résonance des recherches en histoire des femmes dans la production historique générale peut paraître étrange, sinon masochiste. Mais il faut dire merci à Micheline Dumont de nous avoir montré que la route sera encore plus longue avant que nos modes de penser soient profondément modifiés.
To analyse and think of the world in terms of gender is a difficult, even perilous, exercise. However, women historians working on the history of women and gender have given themselves this task. Micheline Dumont’s article shows that, after decades of effort in this regard, very few male or female historians have been up to the challenge. By revealing the gaps in what she calls the female historian corporation in regard to this subject, Dumont’s article highlights important methodological and historiographic issues. How to judge the contribution of a new field of research? How to evaluate the penetration of this field in historical production? Since the emergence of this dimension of the research, do feminist women historians talk amongst themselves in a vacuum or have they succeeded in turning all their colleagues to a new approach? Dumont suggests that we read the historical production using a rather fine evaluation grid with four levels: the overshadowing of the reality of gender and women, compensatory presence, partial integration, conceptual integration. A reading of the publications selected by Dumont using this grid shows that new acquisitions in the history of women barely find an echo in Quebec historical production; the integration of methodological and theoretical innovations is still thinner especially in francophone historical production, anglophone historical production demonstrating a greater openness in this regard. The challenge is therefore considerable, as much for us women researchers in the history of women as for the others. To award a prize to an article which highlights the low resonance of the research into womens history in the general historical production might seem strange, if not masochistic. But we should thank Micheline Dumont for showing us that we still have a way to go before our ways of thinking are significantly changed.
Article de langue anglaise/English-Language Article Prize
Susan Dalton, “Gender and the Shifting Ground of Revolutionary Politics: The Case of Madame Roland”, Canadian Journal of History XXXVI (August 2001): 259-82.
Susan Dalton’s use of gender to reinterpret women’s political activity during the French Revolution is a polished, insightful and persuasive piece of historical scholarship. It casts new light on revolutionary politics, on gender norms and on the well-known literary and political figure Madame Marie-Jeanne Roland. Steeped in international feminist scholarship, Dalton offers a fresh view of Mme Roland’s correspondence and her political involvement from 1788 to 1793. Mme Roland used the fluidity of French revolutionary society to adapt gender codes and thus combine her intense interest and participation in politics with her own sense of proper female behaviour. In three different guises of woman patriot, each corresponding to personal circumstances and stages of the revolution, Mme Roland successively incited revolution, formulated policy and reported on events. Dalton demonstrates that the changes in Mme Roland’s ideas and actions, far from being expedient, represented an increasingly sophisticated understanding of society. None of this of course kept her from the guillotine, but her case, as interpreted by Susan Dalton, does provide us with a model of gender scholarship and perhaps even a model of political behaviour in troubled times.
Susan Dalton s’est servie des rapports hommes-femmes pour réinterpréter l’activité politique des femmes pendant la Révolution française : elle a ainsi produit une brillante étude historique savante, convaincante et percutante. Cet article jette un nouvel éclairage sur les politiques révolutionnaires, sur les normes sexuelles et sur la célèbre figure littéraire et politique qu’était Madame Marie-Jeanne Roland. Érudite imprégnée de savoir sur le féminisme international, Susan Dalton nous présente sous un angle original la correspondance de Mme Roland et le rôle politique qu’elle a joué entre 1788 et 1793. Mme Roland profite des libertés de la société révolutionnaire française pour modifier les codes sexuels, combinant ainsi son grand intérêt pour la politique avec ses valeurs féministes. Selon les circonstances personnelles ou politiques, Mme Roland a incarné successivement trois types de femme patriote, l’une incitant le peuple à la révolution, l’autre énonçant des politiques et l’autre rapportant et commentant les événements. Susan Dalton démontre que Mme Roland ne changeait pas d’idées et de moyens d’action par opportunisme, mais plutôt parce que sa compréhension de la société s’affinait progressivement. Rien de cela, bien sûr, ne l’empêcha d’être guillotinée, mais son cas, tel que présenté par Susan Dalton, nous offre un modèle de femme éclairée et peut-être même un modèle de comportement politique en période de crise.
2001
Article de langue anglaise/English-Language Article Prize
Rianne Mahon, The Never-Ending Story: the Strugle for Universal Child Care Policy in the 1970s, Canadian Historical Review 81.4 (Dec. 2000): 582-615
The Mahon article is a major contribution to our understanding of the history of women’s relation to federal policy making in Canada. Using the feminist demand and the economic necessity for universal child care as the angle of analysis, Mahon probes the intricacies of the federal bureaucracy. There, “state feminists” (federal civil servants with a feminist agenda) attempted to implement the child care recommendation of the Royal Commission on the Stautus of Women (1970) only to run afoul of tradition in the social policy arena. Upheld by both men and women bureaucrats, that tradition meant that ideas about the family, about welfare, about regional equity and about Quebec in Confederation took precedence over the feminist argument for women’s equality with men.
Mahon’s tight analysis, her lucid and convincing argument, make a triple contribution to women’s history. The article reveals how day care became a federal policy issue in the 1970s. It displays the ideological and institutional barriers that feminists in the civil service encountered. And it throws an unusual light upon the relationship between the second wave egalitarian feminism of state feminists and the maternal/welfare concerns of the post-suffrage generations of women professionals.
L’article de Rianne Mahon contribue de façon majeure à notre connaissance et notre compréhension de l’histoire des relations entre les femmes et la construction des politiques fédérales sur l’enfance. Dans une argumentation qui prend comme point d’appui la demande féministe d’une part et les conditions économiques qui rendaient nécessaires l’adoption de services universels de garderie d’autre part, Rianne Mahon examine en profondeur les complexités de la bureaucratie fédérale. Les fonctionnaires fédéraux, hommes et femmes, qui cherchaient à implanter un programme féministe, tentèrent de faire adopter les recommandations de la Commission royale d’enquête sur le statut de la femme touchant aux services universels de garderie. Ce faisant, ils entrèrent en conflit avec les positions traditionnelles de la politique sociale fédérale qui voulaient qu’en ces matières, les questions touchant la famille, l’aide sociale, l’équité envers les régions ou la place du Québec au sein de la Confédération devaient l’emporter sur la recherche de l’égalité entre les hommes et les femmes, argument par excellence des féministes de cette génération au sein de l’État.
L’analyse minutieuse et lucide que fait Rianne Mahon dans son article, sa démonstration convaincante contribue triplement à l’histoire des femmes. Elle dévoile comment la question des services de garderie devint un sujet de débat dans la politique fédérale des années 70. Elle expose les obstacles aussi bien idéologiques qu’institutionnels que durent franchir les féministes de la fonction publique. Elle éclaire enfin de façon nouvelle les liens existants entre les féministes de la seconde vague, travaillant au service de l’État et cherchant à mettre de l’avant le principe de l’égalité, avec les féministes de la génération précédente, femmes professionnelles dont les préoccupations étaient davantage tournées vers le bien-être de la femme en tant que mère.
2000
Article de langue anglaise/English-Language Article Prize
Joan Sangster, Criminalizing the Colonized: Ontario Native Women Confront the Criminal Justice System, 1920-1960. Canadian Historical Review 80.1 (March 1999), 32-60.
In a richly descriptive account of her subject, Sangster argues that three crucial, interconnected factors contributed to the overincarceration of Native women: “The material and social dislocation precipitated by colonialism, the gender and race paternalism of court and penal personnel, and the related cultural gap between Native and Euro-Canadian value systems, articulating very different notions of crime and punishment.” Her use of Mercer Reformatory case files allows her vividly to convey Native women’s painful losses and the bitter injustices they suffered, while her extensive reading in anthropological, criminological, and psychological literature, old and new, allows her to explain the logic of both the Euro-Canadian justice system and Native Canadians’ responses to it. Confirming the view that cultural difference underpinned the harms she describes, Sangster nonetheless avoids reductively dichotomizing “Native” and “Euro-Canadian” perspectives. With its scholarly and sensitive treatment of an important topic, this article makes a major contribution to Canadian women’s history.
Dans une étude très fouillée, Sangster démontre que trois éléments liés ont contribué à l’incarcération disproportionnelle des femmes autochtones : «The material and social dislocation precipitated by colonialism, the gender and race paternalism of court and penal personnel, and the related cultural gap between Native and Euro-Canadian value systems, articulating very different notions of crime and punishment.» Les dossiers de la maison de correction Mercer lui permettent d’évoquer, d’une façon frappante, les pertes douloureuses et les injustices amères subies par les femmes autochtones. En outre, sa connaissance étendue des littératures anthropologique, criminologique et psychologique, à la fois récente et celle des années quarante et cinquante, lui permet d’expliquer la logique du système de justice euro-canadienne aussi bien que les réponses des autochtones. Tandis qu’elle confirme que les différences culturelles étayaient les torts qu’elle décrits, Sangster évite néanmois de dichotomiser les perspectives «autochtone» et «euro-canadienne.» Traitant son sujet d’une façon savante et sensible, cet article contribue de façon significative à l’histoire des femmes canadiennes.
Mention honorable/Honourable Mention
Elizabeth Smyth, Sandra Acker, Paula Bourne and Alison Prentice, eds., Challenging Professions: Historical and Contemporary Perspectives on Women’s Professional Work. University of Toronto Press, 1999.
This collection is remarkable for the varied picture it offers of women in middle-class Canadian life in the twentieth century. Represented are many of the “women’s” professions: nurses, nutritionists, social workers, nuns, and elementary school teachers. But also making an appearance are women in normatively masculine occupations, such as physicists, foresters, pharmacists, professors, accountants, preachers, and physicians. There is even an essay on a professional woman in the arts, composer Jean Coulthard. The lucid and scholarly introduction explains the important historical and political themes that arise when we study women professionals. With its rich array of stories and analysis, the anthology makes a convincing case that to study women in the professions is to learn about many of the ways in which gender and power were interconnected in the twentieth century.
Ce recueil de textes offre une remarquable image de la contribution des femmes de la classe moyenne à la vie sociale canadienne. Un grand nombre de professions dites féminines y sont représentées : infirmière, nutritioniste, travailleuse sociale, religieuse et institutrice. Mais on met aussi en scène des femmes ayant occupé des emplois habituellement réservés aux hommes : physicien, forestier, pharmacien, professeur, comptable, prédicateur et médecin. On y trouve même un article sur la vie de la compositrice Jean Coulthard. L’introduction présente de façon lucide et érudite les thèmes politiques et historiques auxquels se confrontent les études portant sur les femmes professionnelles. Avec son ensemble impressionnant de récits et d’analyses, l’anthologie démontre d’une façon convaincante qu’étudier les femmes dans les professions est en même temps apprendre les multiples interrelations entre le genre et le pouvoir au XXe siècle.
2000
Article de langue française/French-language article prize
Diane Gervais et Serge Lusignan. De Jeanne d’Arc à Madeleine de Verchères : la femme guerrèire dans la société d’Ancien Régime, dans Revue d’histoire de l’Amérique française, no 53-2 (automne 1999), p. 171-205.
Gervais et Lusignan ont comparé les histoires de trois femmes guerrières, toutes trois situées dans la culture politique de la France du Moyen-Âge et de l’Ancien Régime. Les auteurs analysent ces récits comme des narrations de rites d’inversion. Ils expliquent comment, pour chaque guerrière, une séparation symbolique d’avec le monde féminin s’accomplissait, rendant son comportement militaire légitime. Mais conformément à la logique d’un tel rite, l’inversion ne dure pas, et un retour au féminin ne fait que confirmer les bornes transgressées d’une façon saisissante, même brève. Il n’y a eu que Jeanne d’Arc qui n’a pu accomplir le retour au féminin, et elle a payé ce choix de sa vie. L’interprétation des auteurs offre une façon innovatrice et convaincante de comprendre le comportement des femmes guerrières (et peut-être des femmes militaires tout autant), le rendant acceptable de façon circonstancielle, malgré ses aspects effrayants et dérangeants dans la tradition des valeurs occidentales, dans laquelle la guerre est une affaire d’hommes par définition
Gervais and Lusignan compare the stories of three women warriors, all of them situated in the political culture of medieval and ancien rgime France. The authors analyse these narratives as accounts of rituals of inversion. They explain how, for each woman warrior, a symbolic separation from the world of women was achieved, such that her military behaviour was legitimated. But by the logic of such ritual, the inversion was temporary, and the return to feminity confirmed the boundaries that had been briefly, and dramatically, transgressed. Only Joan of Arc was unable to remake herself as feminine, and paid with her life to affirm the norms she had violated. The interpretive framework of the essay provides a fresh and compelling way of understanding the behaviour of these women warriors (and perhaps military women in general. In particular ritualized circumstances, it was acceptable, in spite of its being both remarkable and disturbing within a tradition of western values which has made war by definition men’s business.
1999
Article de langue anglaise/English-Language Article Prize
Donald F. Davis and Barbara Lorenzkowski. A Platform for Gender Tensions: Women Working and Riding on Canadian Urban Public Transit in the 1940s. The Canadian Historical Review.
In this original article on women’s occupation of public space in the public transit system during the Second World War, Davis and Lorenzkowski offer a fresh angle of view on women’s wartime experience. They place gender at the centre of their analysis showing new ways in which, during wartime, some gender norms were broken, albeit temporarily. They are to be praised for their subtle and complex interpretation of how this very ordinary experience of riding buses offered a challenge to traditional values and ideas about women’s nature.
L’article de Davis et Lorenzkowski sur la place des femmes dans l’espace public, en l’occurrence le système de transport en commun durant la Seconde Guerre mondiale, présente un aperçu original sur l’expérience quotidienne des femmes en temps de guerre. Les auteurs situent le concept de genre au centre de leur étude, pour une période où certains stéréotypes furent brisé au moins temporairement. Nous les félicitons pour leur analyse subtile de la transgression des valeurs traditionnelles et des idées reçues sur la nature féminine.
1999
Article de langue française/French-language article prize
Béatrice Craig. Salaires, niveaux de vie et travail féminin, dans l’arrondissement de Lille au XIXe siècle, Canadian Journal of History/Annales canadiennes d’histoire.
Dans un article qui concerne à la fois l’histoire économique, l’histoire des femmes et, en particulier, l’histoire du travail féminin, Béatrice Craig concentre son étude sur un lieu précis, Lille dans le Nord de la France, pour démêler, grâce à une méthodologie complexe et raffinée, les facteurs de causalité dans l’évolution de la participation des femmes au travail rémunéré. Cette étude est sans contredit une contribution importante au débat sur le retrait des femmes de la vie active dans la deuxième moitié du dix-neuvième siècle.
In this contribution to economic history, to women’s history and particularly to the history of women’s work, Béatrice Craig demonstrates how deep immersion in the history of a particular site, in this instance Lille in France, permits her to develop a remarkably precise casual account of women’s position in the labour market. This finely argued article moves forward the debate on the evolution of women’s participation in the labour force.
1998 – English/Anglais: Elsbeth Heaman, Taking the World by Show: Canadian Women as Exhibitors to 1900, Canadian Historical Review
1998 – Français/French: Denyse Baillargeon, Fréquenter les gouttes de lait. L’expérience des mères montréalaises, 1910-1965, Revue d’histoire de l’Amérique française
1997 – English/Anglais: Julie Guard, “Fair Play or Fair Pay? Gender Relations, Class Consciousness, and Union Solidarity in the Canadian UE”
1997 – Honourable Mention/Mention honorable: Raelene Frances, Linda Kealey and Joan Sangster, Women and Wage Labour in Australia and Canada, 1880-1980
1996 – English/Anglais: Joy Parr, Gender History and Historical Practice
1996 – Français/French: France Parent and Geneviève Postolec, Quand Thémis rencontre Clio : Les femmes et le droit en Nouvelle-France
1995 – English/Anglais: Rusty Bittermann, Women and the Escheat Movement: The Politics of Everyday life on Prince Edward Island
1995 – English/Anglais: Annmarie Adams, Les représentations des Femmes dans la Revue de l’Institut Royal d’Architecture du Canada, de 1924 à 1973
1994 – English/Anglais: Joan Sangster, The Softball Solution: Female Workers, Male Managers and the Operation of Paternalism at Westclox, 1923-1960
1994 – Français/French: Martine Tremblay, La division sexuelle du travail et la modernisation de l’agriculture à travers la presse agricole, 1840-1900
1993 – English/Anglais: Suzanne Morton, Women on Their Own: Single Mothers in Working Class Halifax in the 1920s
1993 – English/Anglais: Sylvie Murray, Quand les Ménagères se font militantes: la Ligue auxiliaire de l’Association internationale des machinistes, 1905-1980
1992 – English/Anglais: Dyan Elliott, “Dress as Mediator Between Inner and Outer self: The Pious Matron of the high and Later Middle Ages”, in Mediaeval Studies, 53 (1991)
1992 – Français/French: Nadia Fahmy-Eid, “Histoire, objectivité et scientificité. Jalons pour une reprise du débat épistémologique”, Histoire sociale/Social History, 24, No. 47 (Mai 1991)
1991 – English/Anglais: Ruth Roach Pierson, Gender and the Unemployment Insurance Debates in Canada, 1934-1940
1991 – Français/French: Marie-Aimée Cliche, L’infanticide dans la région de Qubec (1660-1969)
1990 – English/Anglais: Judith Fingard, “College, Career, and Community: Dalhousie Coeds, 1881-1921”, Youth, University, and Canadian Society, 1989.
1989 – English/Anglais: E. Patricia Tsurumi, “Serving in Japan’s Industrial Army: Female Textile Workers, 1868-1930”, Canadian Journal of History, August 1988.
1988 – English/Anglais: Joy Parr, “The Skilled Emigrant and her Kin: Gender, Culture and Labour Recruitment”, Canadian Historical Review, December 1987.
1987 – English/Anglais: Franca Iacovetta, “From Contadina to Worker in Toronto, 1947-62”, Looking Into My Sisters’ Eyes: An Exploration in Women’s History, The M.H.S.O., 1986, pp. 195-223.
1987 – English/Anglais: Alison Prentice & Marta Danylewycz, “Teacher’s Work: Changing Patterns in the Emerging School System of Nineteenth Century Central Canada”, Labour/Le Travail, no 17, printemps 1986, pp. 59-80
1987 – Honourable Mention/Mention honorable: Veronica Strong-Boag for her articles “Pulling in Double Harvess or Hauling a Double Load: Women, Work and Feminism on the Canadian Prairie”,The Journal of Canadian Studies, vol. 21, no. 3, automne 1986, pp. 32-52 & “Keeping House in God’s Country: Canadian Women at Work in the Home” in Craig Heron & Robert Storey (ed.), On The Job: Confronting The Labour Process in Canada, McGill/Queen’s University Press, 1986, pp. 124-151.
1986 – English/Anglais: Diana Pedersen & Martha Phemister, “Women and Photography in Ontario, 1839- 1929”, in special issue of Scientia Canadensis on “Women, Technology and Medicine in Canada”, volume 9, number 1.
1986 – Honourable Mention/Mention honorable: Susan Mann Trofimenkoff, “Feminist Biography”, Atlantis, volume 10, number 2.